
Le changement de ration pour les vaches laitières est une étape nécessitant un suivi rigoureux. Les modifications doivent être progressives pour permettre à la vache, ainsi qu’à ses microbes du rumen, de s’adapter correctement. Bien que nous puissions calculer une ration idéale, ce sont finalement les vaches qui détermineront si elle est adaptée ou non. Aujourd’hui, nous nous appuyons largement sur les données fournies par les technologies modernes, mais il ne faut pas oublier l’importance de l’œil de l’éleveur !
À Bel Orient, nous entrons dans la période de transition entre la ration d’hiver et l’affouragement vert, ainsi que la sortie au pâturage. Pour assurer une transition réussie, nous commencerons à introduire l’affouragement vert progressivement, afin de faciliter la transition au printemps. Cela signifie réduire petit à petit la ration hivernale distribuée à auge, tout en augmentant la part d’herbe fraîche, et en ajustant la quantité de concentré dans nos DACs et à l’auge.
Quels critères suivons-nous pendant la transition à la ration de printemps ?
- La ration elle-même : Pour la ration d’affouragement vert, nous récoltons de l’herbe fraîche avec une auto-chargeuse. Une fois rendue à la ferme, nous y ajoutons un prémix (foin de graminées, foin de luzerne, colza gras, maïs grain, tourteau de colza, orge, minéraux) afin de créer une ration semi-complète à l’auge. Nous analysons l’herbe à différents stades afin de savoir la qualité dans nos parcelles. Cette ration a pour objectif un MSI (matière sèche ingérée) à l’auge de 19,5 kg pour les Prim Holstein et 13,7 kg pour les Jersiaises. Le reste des besoins de chaque vache est complété au DAC, avec une quantité entre 3,6 kg et 7,7 kg, en fonction de la production de lait et du stade de lactation de la vache.
- Les ingestions : À Bel Orient, nous utilisons le logiciel FeedLync pour la gestion de la distribution des rations et le suivi des données (quantité distribuée par ingrédient et par lot, niveaux de stock des aliments, pesée des refus, etc.). Nous visons un taux de refus de 5 à 8 % à l’auge. Nous pesons les refus pour connaître les ingestions par lot, et ajustons ensuite la quantité distribuée à l’auge.
- Les indicateurs de production de lait :
- Le taux d’urée : Nous visons un taux d’urée entre 180 et 220 mg/L. Au-dessus de ce niveau, nous gaspillons de la protéine soluble, car nous en donnons trop, et cet excès de protéine est excrété dans l’urine et les fèces sous forme d’azote. En dessous de ce niveau, nous ne donnons pas assez de protéine.
- Le niveau de cellules : Un taux cellulaire élevé = un stress. Souvent nous associons les taux cellulaires aux mammites et les risques sanitaires environnementales (et oui c’est tout à fait ça !) mais il est aussi un indicateur de stress alimentaire. Une augmentation du taux cellulaire sans signes importants au niveau de l’hygiène peut indiquer un stress, notamment d’origine alimentaire. Actuellement, nous maintenons un taux cellulaire moyen de 190 000 cellules/ml.
- Le suivi quotidien avec AfiMilk : Grâce au programme AfiMilk, nous suivons quotidiennement la production de lait par vache et par traite. Cela nous permet de surveiller les évolutions de la production par lot et par vache, et d’intervenir rapidement en cas de dérive. Une baisse du taux de matière grasse (TB) sur protéine (TP) nous indique par exemple une possible acidose. Actuellement, la production est de 35 L de lait corrigé pour les Prim Holstein et de 31,5 L pour les Jersiaises avec la ration hivernale.
- La consistance des bouses : Il est essentiel de vérifier les bouses. Nous observons leur consistance ainsi que la digestion des particules.
Beaucoup de questions à se poser lors d’un changement de ration !
Les réponses à ces questions passent par une observation attentive des animaux, de leur comportement, de leur ingestion, de leur production et de leur santé. Ce sont les vaches qui nous donneront les réponses !
Quels facteurs suivez-vous lors un changement de ration ?
